Le porte-cigarettes de Diana Rowden

« They are not going to take theses things[1] » « Ils ne vont pas prendre ces choses » Diana Rowden aux Janier-Dubry lorsqu’elle leur a confié le porte-cigarettes avant son arrestation.

Si la plupart des objets de nos collections permettent d’avoir une idée du fonctionnement du camp et du quotidien des déportés, certains sont liés à des individus passés par le camp. Ce sont ces objets qui permettent de rendre une individualité aux victimes de la Déportation. Ils nous permettent d’en apprendre plus sur eux et surtout de garder une trace de leur passage, là où les nazis souhaitaient les faire disparaître sans laisser de traces.

Le 6 juillet 1944, quatre femmes membres du S.O.E., le special operations executive[2] section des services secrets britanniques, sont conduites au KL Natzweiler pour y être exécutées par injection létale. Parmi ces 4 femmes, se trouve Diana Rowden, 29 ans, envoyée en France pour aider la Résistance. Quelque temps avant son arrestation, elle laissa derrière elle un petit coffret en carton contenant un porte-cigarettes en bakélite à Raoul et Aimée Janier-Dubry qui l’hébergeaient à ce moment-là. Leurs enfants en ont fait don au Centre européen du résistant déporté en 2018, lors d’une commémoration en la mémoire de Diana Rowden.

Diana Hope Rowden est née le 31 janvier 1915 à Londres, en Angleterre, elle étudia à la Sorbonne, à Paris à partir de 1933. Elle rejoignit la Croix-Rouge française en 1940, puis retourna en Angleterre à l’été 1941 où elle intégra la Women's Auxiliary Air Force en septembre 1941. En juillet 1942, elle devint secrétaire au sein du S.O.E avant de demander en mars 1943 à rejoindre la France pour résister. Elle y retourna dans la nuit du 16 juin à bord d’un Westland Lysander, avion militaire britannique. Après l’arrestation du chef de son réseau le 16 juillet, elle fut hébergée par la famille Janier-Dubry membre de la Résistance. Ils furent arrêtés dans la soirée du 18 novembre suite à la dénonciation d’un nouveau membre de son réseau arrêté. Elle fut enfermée à la prison de Fresnes, puis transférée à la prison de Karlsruhe le 12 mai 1944 avec Vera Leigh, Sonia Olschanezky, Andrée Borrel, Yolande Beekman, Éliane Plewman, Odette Sansom et Madeleine Damerment, toutes membres du S.O.E. Odette Sansom sera la seule survivante du convoi. Le 6 juillet 1944, Vera, Diana, Sonia et Andrée furent transférées au KL Natzweiler où elles doivent y être exécutées sans laisser de traces. Leur arrivée attirera cependant l’attention de deux agents du S.O.E. déportés au camp : Brian Stonehouse et Albert Guérisse (Pat O'Leary de son nom de guerre). Ce dernier reconnu Andrée Borrel en ayant fait partie de son réseau d’évasion en 1940. Brian réalisa une aquarelle de cet événement à la fin de la guerre.

Les 80 ans de leurs décès ont été l’occasion de commémorer leurs souvenirs et de mettre en valeur lors d’une exposition ces objets et le sacrifice de ces quatre femmes pour la Liberté.

 

[1] McDonald-Rothwell Gabrielle Her Finest Hour - The heroix life of Diana Rowden, Wartime secret agent. Amberly Publishing, Gloucestershire, 2017

[2] direction des opérations spéciales

Porte-cigarettes ayant appartenu à Diana Rowden (CERD.2024.0.O.053)

Diana Rowden (1915-1944)

Cérémonie commémorative du 5 juillet 2024 à l'occasion des 80 ans de l'assassinat des quatre membres du S.O.E.