En cette année 2024, nous commémorons les 70 ans de la cérémonie solennelle, organisée à l’intérieur du camp, où la plupart des baraquements du camp sont soit incinérés, soit démontés, à l’exception des constructions les plus significatives de l'histoire du lieu, à savoir, les baraquements du crématoire, des cellules (bunker), des cuisines et un "baraquement-type", analogue à ceux dévolus au logement des déportés (il s'agit cependant d'une structure bâtie à vocation essentiellement administrative, vouée à l’enregistrement des nouveaux arrivants au camp et à l’organisation du travail).
À l’origine de la décision de supprimer une partie des baraquements de l’ancien camp, se posent, dès 1951, les questions liées aux problèmes de conservation des structures bâties. En effet, toutes les constructions du camp, étant de médiocre qualité à l’origine, leur entretien général dans le temps est malaisé.
En effet, la conservation de ces baraquements construits par les déportés eux-mêmes, pose un ensemble de problèmes techniques et financiers, difficilement solubles par rapport aux conditions climatiques des lieux et aux matériaux utilisés pour leur construction. Ainsi, ces baraquements sont donc voués à l'effondrement et à la disparition à brève échéance. De ce fait et partant de ce constat, la décision prise est d’araser le camp dans sa plus grande partie plutôt que de le laisser lentement se délabrer. Par ailleurs, en décembre 1949, le Ministère des Anciens Combattants décide de faire aménager l'ancien camp en Nécropole Nationale, en vue de recueillir les dépouilles des déportés français retrouvées dans les camps et prisons nazis en territoire allemand, et provisoirement rassemblées au Fort Desaix situé près de Strasbourg (Mundolsheim).
Bertrand Monnet, Architecte en Chef des Monuments Historiques, est chargé de la direction des travaux. Ses premiers projets montrent qu'il était bien envisagé, dès 1949, de ne pas conserver l'ensemble des anciens baraquements, mais d'y aménager à leurs différents emplacements, sur toutes les terrasses du camp, l'ensemble des tombes de ces déportés sous la forme habituelle d'un cimetière militaire. Ce projet initial est toutefois modifié et la nécropole nationale est finalement créée dans la zone d'extension sud du camp qui était constitué des baraquements dévolus à l’usage des SS.
En parallèle, le principe de la conservation perpétuelle du sol (classé, le 31 janvier 1950) et de l'infrastructure du camp est posé, comme pour le cas des abords extérieurs immédiats, tels que les accès et circulations diverses (allées et escaliers), les plateformes ou autres terrasses et esplanades.
La conservation des clôtures et des miradors est également garantie.
Une fois ces choix de conservation définitivement arrêtés, on procède solennellement, en présence du Préfet du Bas-Rhin, Paul Demange (résistant, arrêté en mai 1944 et déporté au camp de Neuengamme, comme d’autres membres du corps préfectoral arrêtés par les occupants), assisté de la plupart des membres du Comité National du Struthof (créé en 1953 pour prendre en charge l’édification du Mémorial de la Déportation, la création d’un musée, et l’entretien du camp aux visiteurs), à l’incinération solennelle et au démontage, le 29 Mars 1954, d’une partie des bâtiments situés à l’intérieur du camp.
Enfin, la même année, les premiers travaux de conservation des structures préservées commencent, comme la réfection de la toiture des quatre structures bâties conservées, la consolidation et la restauration des emmarchements, des talus et de l'infrastructure générale du camp.
Pour visualiser les documents cliquez ici (pdf - 2.71 Mi).
Archives photographiques illustrant la cérémonie solennelle d’incinération d’un baraquement de détenus, le 29 mars 1954.
Ces archives photographiques sont conservées à la Direction des Affaires Culturelles du Grand Est.