Jean nait le 11 décembre 1922 à Mohon dans le département des Ardennes. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il vit chez ses parents à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Il exerce la profession de tourneur-mécanicien aux « Tréfileries et Laminoirs du Havre ». Le 14 juin 1940, le jour de l’entrée des Allemands dans à Paris, il prend en vélo le chemin de l’exode. C’est à Bourges qu’il voit les premiers soldats ennemis. Début juillet, il rentre chez lui.
Le 5 novembre 1942, pour échapper au travail en Allemagne au titre de la « Relève », Jean, avec trois camarades, rejoint la Zone libre avec l’espoir de partir en Afrique du Nord. Malheureusement, suite au débarquement des Alliés au Maroc et en Algérie le 8 novembre, la Zone libre est occupée par les nazis. Son projet échoue.
Le 6 janvier 1943, ses parents reçoivent une convocation des autorités allemandes. Jean doit partir travailler en Allemagne. Il trouve alors un emploi à la Standard Française de Pétrole et fabrique du charbon près de Sarlat (Dordogne). Il se fait recenser pour bénéficier d’une carte de ravitaillement.
Le 16 février 1943, une loi modifie le Service du Travail Obligatoire (STO). Les réquisitions se font dorénavant sur un critère d’âge. Ainsi, les jeunes des classes de 1920 à 1922 doivent partir en Allemagne pour participer à l’effort de guerre nazi.
En mai, Jean reçoit une convocation sur son lieu de travail. Il n’y répond pas. Dénoncé, il s’enfuit et retourne chez ses parents. Recherché par la gendarmerie, il parvient à obtenir une fausse carte d’identité au nom de Jean-Jacques Moreau.
Le 31 décembre, il entre dans la résistance au sein des Francs-Tireurs Partisans (FTP), réseau « Est-34 » et participe à plusieurs actions contre l’occupant. Au mois de janvier 1944, suite à une dénonciation, le réseau de Jean est démantelé par une série d’arrestations. Lui-même est arrêté le 30 à Créteil (Val-de-Marne) par les Brigades Spéciales de la préfecture de Paris, en possession d’un pistolet automatique et de sa fausse carte d’identité. Devant les enquêteurs, Jean reconnait avoir participé à une tentative de récupération d’armes sur des garde-voies à Bondy. Le 3 février, il est remis aux autorités allemandes et interné au secret à Fresnes.
Arrêté en possession d’une arme, Jean tombe sous le coup du décret Nacht und Nebel. Après un isolement de 157 jours, il est déporté le 7 juillet 1944 au camp de concentration de Natzweiler. Il reçoit le matricule 19410. Son passage y est de courte durée. Devant l’avancée des troupes alliées, le camp est évacué sur Dachau en septembre. Jean est enregistré dans le camp bavarois sous le matricule 101923. Rapidement, il est transféré à Allach, un camp annexe de Dachau où les déportés travaillent pour BMW.
Le 22 janvier 1945, Jean est renvoyé à Dachau. C’est là qu’il est libéré par les Américains, le 29 avril. Il est rapatrié en France, via Colmar, le 27 mai.
Sur les 61 hommes partis de Paris, le 7 juillet 1944, la moitié n’est pas rentrée.
En 1951, il entre à Gaz de France. Il relève les compteurs. Parallèlement, il suit les cours du soir et devient moniteur au Conseil central des œuvres sociales (CCOS) d’EDF-GDF. Il consacre toutes ses vacances à encadrer les jeunes.
En janvier 1964, il est nommé inspecteur commercial à EDF Montrouge.
Après sa retraite, il continue de travailler en tant que bénévole au CCOS jusqu’en 1993.
Engagé pour la jeunesse, Jean l’est également pour la mémoire.
Depuis plusieurs décennies, il est un passeur d’Histoire et de Mémoire et témoigne inlassablement, encore aujourd’hui, dans les établissements scolaires pour que la mémoire de ses camarades, morts dans les camps ne s’éteigne pas.
Récemment encore, il accompagnait les élèves au Struthof, refaisant à pieds, malgré ses 100 printemps, une partie du chemin qu’empruntaient les déportés pour arriver au camp.
Son courage et son engagement avaient été récompensés à de multiples reprises : commandeur dans l'ordre de la Légion d'Honneur, commandeur dans l'ordre des Palmes académique, médaille militaire, croix de guerre 39/45, croix du combattant volontaire de la Résistance, croix du combattant volontaire, médaille de la Déportation...
Toute l'équipe du Centre européen du résistant déporté adresse ses profondes et sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Il ne reste plus aujourd'hui que trois Français connus rescapés du KL Natzweiler.