Pièces d’archives issues du dossier rassemblant les auditions, interrogatoires, dépositions et autres documents relatifs à la Procédure dite “Camp du Struthof” clôturée par le jugement du 02 juillet 1954 par le Tribunal Permanent des Forces Armées de Metz.
Ces pièces d’archives sont conservées au Dépôt Central des Archives de la Justice Militaire à Le Blanc (département de l’Indre).
Ces pièces d’archives rassemblées sont extraites du dossier intitulé « Annexe G : rapports sanitaires des médecins SS du camp », contenant 340 pièces relatives aux rapports sanitaires, aux comptes-rendus et aux listes des effectifs des détenus en soins, réalisés par les médecins SS du camp entre 1941 et 1944.
Dans le cas présent, les pièces d’archives présentées constituent un « rapport mensuel sommaire pour le service sanitaire du camp de concentration de Natzweiler », s’articulant autour de la circulaire numéro 39. Ce rapport est effectué par le médecin du camp de concentration de Natzweiler, Richard Krieger, concernant la période allant du 23 décembre 1943 jusqu’au 31 janvier 1944 inclus. Ce rapport fait référence à une augmentation des effectifs au camp, s’accroissant depuis le début de l’année 1944 ; mentionne le nombre de décès, le nombre de détenus traités pour cause de maladies ; et fait référence aux expérimentations médicales menées par le professeur Eugen Haagen sur des détenus cobayes du camp, dans le but d’évaluer l’efficacité d’un vaccin contre le typhus exanthématique.
Le rapport s’attache également à mentionner l’état du ravitaillement en médicaments pour la prise en charge des maladies, dont la gale qui s’étend progressivement ; et à dresser le constat d’une augmentation des cas de détenus souffrant de pneumonie et ceux étant épuisés ou ayant besoin de « ménagement ».
Le document d’archive présentant ce rapport débute par l’établissement d’une liste des effectifs présents au camp, durant la période allant du 23 décembre 1943 au 31 janvier 1944 inclus.
Du fait de la promiscuité et des conditions de vie dans les baraquements, des maladies se propagent. Le document d’archive précise que certaines maladies sont en recrudescence au camp. En effet, les maladies infectieuses, telles que la pneumonie, infection aiguë pulmonaire bactérienne et la tuberculose causée par une bactérie touchant principalement les poumons, affectent les détenus et s’accentuent, à mesure que les effectifs du camp augmentent.
Pour pallier à ce phénomène, le médecin du camp se penche sur le ravitaillement en médicaments afin d’endiguer les maladies, notamment la gale, une maladie contagieuse de la peau due à un parasite et se propageant par contacts physiques prolongés. Ce ravitaillement en produits de santé, souvent sommaire ne donne que peu de résultats sur la guérison des patients à l’infirmerie du camp, du fait de leur succès modeste, comme on peut le constater à travers les interrogations du médecin du camp au sujet des médicaments administrés aux patients contre la gale, par exemple.
Par ailleurs, le document d’archive fait également référence aux expérimentations médicales menées par Eugen Haagen au camp, afin d’évaluer l’efficacité d’un vaccin contre le typhus exanthématique, après administration de la bactérie responsable de la maladie, à des détenus cobayes, et afin de constater les conséquences physiques et physiologiques de cette maladie, depuis l’inoculation jusqu’à leur guérison ou éventuel décès.
Ce groupe de détenus cobayes est composé de 89 tsiganes « commandés » à Berlin et arrivant d'Auschwitz en décembre 1943.
Eugen Haagen en prend 80 qu'il divise en deux groupes de 40. Le premier groupe fut vacciné à deux reprises en janvier et février 1944 avec son vaccin, le deuxième groupe ne fut pas vacciné.
La vaccination initiale du premier groupe de détenus cobayes, effectuée courant du mois de janvier 1944 est mentionnée dans le document d’archive.
Ces expérimentations médicales reprennent à partir du 18 mai 1944 et visent un autre groupe de cobayes, qui subit une scarification au bras avec "les germes virulents de la bactérie".
Nous pouvons émettre une hypothèse, selon laquelle, la maladie du typhus apparaissant vers le 10 avril 1944 et se propageant ainsi à l’ensemble du camp, aboutissant à l’affectation de deux baraquements destinés à l’isolement et aux soins des détenus typhiques, pourrait résulter des conséquences de ces différentes expérimentations médicales menées au camp.
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